Un oiseau blanc dans le blizzard, Laura Kasischke

Couverture de Un oiseau blanc dans le blizzard, Laura Kasischke
J'ai découvert cette auteur avec "En un monde parfait", qui m'avait déjà beaucoup plu. J'ai eu ensuite un véritable coup de cœur en lisant "Les revenants", puis "Esprit d'hiver". Quel bonheur de se laisser ensorceler par son écriture envoûtante, où le mystère voire le surnaturel vient teinter un quotidien des plus terre à terre. Un style onirique, empreint de poésie, que je me réjouissais de retrouver dans "Un oiseau blanc dans le blizzard".
Mon enthousiasme pour ce roman ne fut malheureusement pas à la hauteur de mes espérances, bizarrement terni par le style de l'auteur, qui m'avait tellement plu dans mes précédentes lectures.

Lorsque Kat, 16 ans, rentre du lycée un après-midi de janvier, sa mère est partie. Pas partie faire des courses, non. Volatilisée, évaporée dans la nature. Et elle ne ré-apparaîtra plus. Tout au long des 4 chapitres (4 années) qui constituent ce roman, l'auteur donne la parole à l'adolescente, qui semble étrangement détachée face à la disparition de sa mère. Au fil des pages, la lumière se fait sur le personnage d'Ève, mère mal-aimée et épouse blasée et déçue, mariée à un homme terne et transparent, qui s'ennuie ferme dans une vie à l'opposé de celle à laquelle elle se pensait destinée.

Un livre au rythme très (et même un peu trop) lent. Il ne fait que 194 pages, j'ai pourtant mis un temps anormalement long à le lire, comme si le temps s'étirait indéfiniment dès que je m'y plongeais. Et ce n'est pas l'histoire en elle-même qui m'a bloquée, mais bien le style de l'auteur qui fait ici un usage abusif et assez peu naturel de la métaphore, ce qui a fini par me lasser. Je sais que beaucoup de personnes ont aimé cette poésie justement, mais pour ma part je n'ai pas retrouvé la magie toute en légèreté qui m'avait tant séduite dans ses autres romans. Mais cela n'a pas suffi à me détourner de ce récit, trop curieuse que j'étais de faire le point sur cette disparition.

Comme dans "Summer", dont je parlais la semaine dernière, c'est encore une fois dans une vérité enfouie, refoulée, que se trouve la clé du mystère. Une vérité tellement inimaginable et sordide que la narratrice, à l'image de Benjamin dans le roman de Monica Sabolo, se refuse d'affronter, préférant ignorer les signes et les indices de plus en plus évidents qui se présentent à elle. Puisque Kat refuse de voir la vérité dans le monde réel et tangible du quotidien et ceci malgré les injonctions de sa psy, de ses amies, de son petit ami et de son amant, c'est à travers ses rêves, de plus en plus violents, de plus en plus "vivants", que celle-ci va finalement pouvoir s'imposer à elle. 

"Un oiseau blanc dans le blizzard" traite de la disparition et de ses conséquences, mais le thème central est à mon avis le déni de ces souvenirs que l'on préfère enfouir dans les recoins de notre mémoire pour nous éviter une souffrance, pourtant indispensable à la construction de notre identité. Cela dit, comme il ne s'agit pas du meilleur opus de cet auteur, je vous conseillerais plutôt de vous tourner vers "Esprit d'hiver", qui reste mon favori jusqu'ici. 

À noter que le livre a été adapté au cinéma en 2014, dans un film intitulé "White Bird", réalisé par Gregg Araki, que je suis bien tentée de visionner : fiche allociné

2 commentaires:

  1. Malgré ton avis mitigé, l’intrigue reste entière et invite bien à la lecture...

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    1. Alors oui, comme je le dis... Malgré le style qui m'a lassé à cause des comparaisons incessantes, l'histoire m'a bien tenu jusqu'à la fin du livre et je n'ai pas été déçue du dénouement, et ceci malgré le fait que je l'ai un peu vu venir, j'ai trouvé le tout bien amené!

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