J'ai toujours cette musique dans la tête - Agnès Martin-Lugand

Couverture de J'ai toujours cette musique dans la tête, Agnès Martin-Lugand
Parce que de temps en temps, une petite lecture "feel-good" fait, comme son nom l'indique, du bien à la tête, je me suis dernièrement plongée dans "le dernier Martin-Lugand". 

La vie de Yanis et Véra semble plutôt bien rodée pour ce couple à la quarantaine resplendissante : ils sont fous amoureux, parents de trois enfants épanouis, et propriétaires de leur bel appartement parisien. Un cliché de rêve américain à la française, avec ce couple trop parfait pour être crédible, dont la description frôle la niaiserie. Seule ombre au tableau, Yanis, architecte autodidacte, étouffe dans son poste actuel, où il travaille sous la houlette de son beau-frère Luc, architecte confirmé et frère de Véra. Lorsque l'opportunité de laisser libre cours à sa créativité se présente en la personne de Tristan, mécène providentiel et énigmatique, Yanis n'hésite pas : il démissionne et se lance à corps perdu dans le chantier de sa vie, qui devrait être le tremplin d'une brillante carrière à venir. Mais bien sûr, ce n'est que le début des ennuis, car, comme on le sait bien, "quand c'est trop beau pour être vrai c'est que... c'est trop beau pour être vrai".


Alors inutile de mentir, j'ai lu ce livre à grande vitesse et il a rempli sa mission "détente du cerveau" à la perfection. Mais le constat est décevant et sans surprise. Le dénouement est couru d'avance et les rebondissements n'en sont pas, tant ils sont prévisibles. La première partie souffre de longueurs et de répétitions inutiles, tandis que la deuxième est trop précipitée. Les personnages manquent de nuances : tous auraient pu gagner en profondeur s'ils n'avaient pas été aussi clichés. On n'échappe pas non plus à une fin manichéenne, bâclée et peu crédible.

Avec "J'ai toujours cette musique dans la tête", on nous propose tout ce l'on attend de ce genre de romans (et également tout ce qu'on peut leur reprocher). Mais à chaque fois, je ne peux m'empêcher d'espérer un peu plus de "folie" : un peu de recul et d'humour par exemple, ou du 2ème degré... Il est possible de faire de la littérature de détente, sans forcément prendre le lecteur par la main pour lui indiquer quand rire, quand pleurer et quelle leçon tirer de sa lecture, non ? À force de proposer des romans formatés pour plaire au plus grand nombre, on produit des livres bourrés de clichés, qui finissent par tous se ressembler. Combien de fois j'ai pu dire ou entendre "Ah oui, Machin Chose, j'aime bien, mais quand tu as lu un de ses livres, tu les as tous lus, c'est toujours pareil". Comme si nous, lecteurs, n'étions pas capables de penser par nous-mêmes, on nous dit, à grands renforts de procédés stylistiques grossiers, quoi ressentir et à quel moment, grâce à une belle dose de bons sentiments, propres à déclencher les émotions sur commande. On indique qui sont les bons et les méchants, en créant des personnages caricaturaux, creux et sans profondeur. Les thématiques sont abordées de manière souvent superficielle et simpliste, quelle que soit leur gravité. Sans parler du style d'écriture en lui-même, qui s'avère la plupart du temps sans originalité et très basique. 

Il n'y a pas de mal à se faire du bien et à céder à la tentation, je suis la première à le faire et j'y prends même un certain plaisir, parfois un peu coupable, parfois totalement décomplexé. Mais force est de constater que ces lectures sont en général oubliées aussi vite qu'elles ont été lues. Enfin, c'est un long débat...

Un livre à lire pour se détendre l'esprit donc, mais à éviter absolument si l'on est en quête d'une histoire et/ou d'un style non conventionnels, qui nous emmènerait hors des sentiers battus.

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