"Balivernes, ma chère amie, répondit Ostrovski en ricanant. Je n’ai jamais, et je dis bien jamais, rencontré un critique qui rêvait d’écrire. Les critiques sont au-dessus de cela. Écrire est un art mineur. Écrire, c’est mettre des mots ensemble qui forment ensuite des phrases. Même une guenon un peu dressée peut faire cela !"
"- Mais parce que dans l'ordre du respect accordé aux genres, il y a en tête de gondole, le roman incompréhensible, puis le roman intellectuel, puis le roman historique, puis le roman tout-court, et seulement après, en bon avant-dernier, juste avant le roman à l'eau de rose, il y a le roman policier."
Après avoir lu les deux derniers livres de notre Joël national, je ne pouvais pas passer à côté de celui-ci. Alors évidemment, lorsqu'un auteur rencontre un tel succès, il ne peut éviter d'être attendu au tournant... Et je n'ai pas échappé à la tendance, malgré l'affection (toute platonique ahah) que j'ai pour ce jeune auteur.
Si je me suis laissée totalement happer par cette histoire, sans m'ennuyer une seconde, je n'ai pu m'empêcher d'être un peu agacée par certains aspects de ce roman. Est-ce que les deux précédents contenaient les mêmes défauts, et, tout à mon enthousiasme, je ne les ai pas relevés? Franchement, je ne m'en souviens plus. Je me rappelle juste avoir beaucoup aimé "La vérité sur l'affaire Harry Québert" et "Le livre des Baltimore".
Le 30 juillet 1994, le maire de la petite ville d'Orphea est assassiné, ainsi que toute sa famille, et une jeune femme sans histoire, malheureuse témoin de la scène. Jesse Rosenberg et Derek Scott, deux jeunes flics ambitieux, parviennent à confondre le meurtrier. Mais 20 ans plus tard, la journaliste Stephanie Mailer, se penche sur l'affaire et remet en doute l'issue de cette enquête. Elle est, à son tour, sauvagement assassinée.
Un récit bien rythmé, qui alterne passé et présent, et nous envoie des rebondissements par dizaine. L'auteur s'amuse à nous balader tout au long des 600 pages. Il nous balade même un peu trop peut-être. Joël Dicker a admis avoir écrit son roman sans en connaître l'issue à l'avance. Mythe ou réalité, je ne sais pas, mais c'est bien l'impression que cela donne. Par moment j'ai eu l'impression qu'il ne savait pas trop où il voulait aller et qu'il se perdait lui-même et nous lecteurs, dans la multitude de chemins qu'il empruntait. D'ailleurs, une énorme erreur s'est glissée à la fin du roman, au moment du dénouement. Erreur qui a été corrigée depuis, mais dont on se demande quand même comment elle a pu passer à travers les mailles du filet. On nous le répète pourtant en cours de français : Faites un plan! Relisez-vous! Mais non, Joël ne veut en faire qu'à sa tête :).
Enfin, certaines situations sont franchement tirées par les cheveux (la moufette dans le camping-car, pour n'en citer qu'un).
Les personnages manquent aussi un peu de substance : les deux héros, Jesse et Derek, plutôt insipides et plats (j'ai parfois eu du mal à les distinguer), côtoient des personnages secondaires très, mais alors très très caricaturaux : le critique littéraire qui regroupe à lui tout seul tous les clichés que l'on entend sur les critiques littéraires (écrivains manqués, ellitiste, imbu de lui-même), l'ado dépressive, le riche éditeur, la jeune bimbo opportuniste, etc.
En ce qui concerne le style, il est malheureusement plutôt faible, avec beaucoup de répétitions et des dialogues un peu plan-plan voire maladroits, qui ne sonnent pas toujours très naturels. Des lignes qui ressemblent à du remplissage et n'apportent rien au déroulement de l'histoire.
Voilà, vous êtes maintenant sûrs que je n'ai pas aimé ce roman. Et bien, ces défauts ne m'ont pas empêché de terminer ma lecture et n'ont pas entaché ma curiosité pour le dénouement. J'ai passé un moment plutôt plaisant en sa compagnie, mais c'est un livre à lire sans grandes attentes, vous l'aurez compris. Joël Dicker a été attendu au tournant à juste titre, et j'espère que son prochain livre (sur lequel je vais me précipiter, nul doute là-dessus) dépassera en qualité tous ses précédents romans. Et puis Joël Dicker, on a envie de l'aimer, alors quand même... vivement le prochain!
Le truc avec Dicker, c'est qu'il produit des page-turner. On aime bien sur le moment, on les dévore... Et ensuite on oublie ce qu'on a lu! Mais on se souvient qu'on a bien aimé! Il est trop fort��
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