Régis, James Osmont

Couverture de "Régis", de James Osmont

J'ai découvert ce livre lors d'une de mes visites sur Babelio. Cela va peut-être vous surprendre, mais la couverture m'a immédiatement attirée. Attirée ou hypnotisée, allez savoir. Toujours est-il que je l'ai trouvée... affreusement belle. Elle nous confronte à une figure inquiétante, qui semble suspendue entre deux mondes, plus tout à fait vivante mais pas encore morte. Je peux vous dire sans trop en dévoiler qu'elle est à l'image du contenu, à la fois dérangeant et prégnant. 

Écrit et auto-édité par un infirmier en psychiatrie, ce roman est une plongée dans l'esprit  torturé de Régis, schizophrène de 32 ans, qui a passé la majeure partie de sa vie dans un hôpital psychiatrique. Nous suivons le cheminement paranoïaque de ses réflexions, alimentées par sa vision déformée de la réalité et rythmées par les chansons désabusées qu'il écoute en boucle.


Le récit est entrecoupé de flash-backs, qui lèvent le voile sur le passé de Régis, son enfance malheureuse dans une famille où les claques remplaçaient les marques d'amour, le crime atroce qui a scellé son destin ou encore le lien sordide qui l'unit à l'étrange Prédateur, pensionnaire occasionnel de l'hôpital psychiatrique. On partage également le quotidien du personnel soignant : Sandrine, l'infirmière entièrement dévouée à son métier, l'Étudiante, obsédante et voyeuriste, le Dr D'Arc, plus attaché au protocole qu'au mieux-être de ses patients. Une ronde de personnages désenchantés, qui nous entraînent dans une danse bien macabre. On en vient parfois à se demander, qui, des malades ou des soignants, sont les plus dysfonctionnels. 

C'est un roman brut, qui marque, incontestablement. Régis et les autres protagonistes sont, chacun à leur façon, d'une noirceur désespérante, et ce voyage dans les méandres les plus sombres de l'esprit humain est une réussite.
Cependant, il m'a laissé un goût d'inachevé. J'aurais aimé en savoir plus sur les personnages... Mais je ne vais pas trop m'attarder sur cet aspect, car il s'agit ici du premier tome d'une trilogie. Le deuxième porte le titre de "Sandrine", ce qui laisse penser que l'on en saura enfin plus sur l'infirmière qui apparaît dans ce premier volume. 

La particularité stylistique de ce roman réside dans les multiples références musicales qui ponctuent le récit. En effet, l'auteur a pris le parti d'y insérer de nombreuses paroles de chansons, qui constituent la bande-son du livre. Ces chansons font évidemment écho à l'état d'esprit de Régis (et inversement), contribuant à renforcer l'ambiance anxiogène. Je comprends bien la volonté de l'auteur. Mais malheureusement, ces passages ne m'ont pas parlé : je ne connaissais aucun de ces groupes (hormis Woodkid et Pink Floyd), pour la plupart issus de la scène hardcore. Ce genre musical faisant naître en moi une sensation de malaise presque physique, je n'ai eu aucun mal à imaginer leurs effets sur l'esprit fragile de Régis. Mais je dois avouer qu'ils me faisaient parfois perdre le fil, m'ennuyaient, et qu'à la fin j'ai fini par sauter ces passages, tout en étant consciente de leur importance... 

J'ai été un peu déçue non pas du livre en lui-même, mais de ne pas avoir réussi à rentrer dans l'histoire aussi intensément que je l'aurais voulu. Cela dit, la curiosité de découvrir la suite est bien présente, et les deux volumes suivants sont sur la liste de mes prochaines lectures.

Je ne l'ai pas fait, mais si vous en avez la possibilité, ce serait une bonne idée de vous perdre dans l'univers de Régis en écoutant la bande-son en parallèle. 


2 commentaires:

  1. Je ne suis pas sûre d'aimer ce genre de roman, mais en même temps ta critique m'invite à pousser la porte. Dilemme !

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    1. Attends peut-être de voir ce que je pense de la suite ;)

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