Les enfants de Venise, Luca di Fulvio

Couverture de Les enfants de Venise, Luca di Fulvio
J'ai tenté de repousser au maximum la lecture de ce roman, afin de prolonger encore un peu le plaisir de l'attente. Il faut dire que le précédent livre de Luca di Fulvio m'a tellement enthousiasmée que j'avais peur d'être déçue par celui-ci. Mais la patience n'est pas mon fort. De plus, le livre était sur ma liseuse depuis deux semaines, j'étais dans le bus, je venais de terminer le dernier Virginie Grimaldi, il me restait une demi-heure de trajet... et puis franchement à quoi bon résister après tout ?

Maintenant je me retrouve confrontée à un autre problème... Comment parler d'un livre qu'on a adoré, qui nous a enchanté de la première à la dernière ligne, comment lui rendre justice ? Quand je me retrouve avec une telle pépite entre les mains, je me dis que c'est une réelle chance d'aimer la lecture et de pouvoir amasser autant de trésors dans ma mémoire. Il n'y a qu'une seule chose à retenir de cette chronique : LISEZ-LE.

Je ne sais pas comment se débrouille Luca Di Fulvio pour m'émerveiller autant à chaque fois, en partant d'un univers qui à priori ne m'attire pas plus que ça. On peut parler de magie! 

Cette fois-ci nous sommes transportés en Italie, au 16ème siècle. Malgré une histoire plus convenue que
"Le Gang des rêves", cette revisite de Roméo et Juliette, entre Mercurio, le jeune orphelin roi du travestissement et Giuditta, la juive belle et rebelle, reste un vrai coup de cœur. Les descriptions précises mais jamais ennuyeuses et un sens du détail toujours très juste contribuent à rendre palpable cet univers où évoluent des personnages tous plus attachants les uns que les autres. On se surprend même à éprouver de la sympathie pour les personnages les plus sombres, car chacun d'eux porte en lui cette blessure, cette faille, qui a contribué à le façonner et lui donne sa part d'humanité. C'est avec une réelle nostalgie que j'ai quitté ces enfants des rues à la gouaille rafraîchissante, les laissant désormais vivre leur propre vie loin des pages de ce roman. Loin de mes yeux mais pas loin de mon cœur, car, tout comme Christmas dans "Le Gang des rêves", Mercurio a sans aucun doute volé un bout du mien. Me replonger mentalement dans ce roman pour écrire cette chronique suffit à me donner des frissons! 

La plume de Luca di Fluvio fait des "Enfants de Venise" un roman intense et lumineux, ce qui constitue un véritable coup de maître étant donné le contexte dans lequel il s'inscrit, où la puanteur et la misère sont omniprésentes. La 4ème de couverture parle de "misère radieuse", difficile de trouver une image plus parlante. On plonge dans l'Italie de la Renaissance et de l'Inquisition, on côtoie des prostituées rongées par "le mal français" (la syphilis), on suit Mercurio à travers les dédales sordides des rues vénitiennes, on assiste au retour des soldats blessés après la bataille de Marignan, on pénètre dans des bouges nauséabonds et miséreux, on y côtoie des bandits sans pitié, des hommes et des femmes meurtris et assoiffés de vengeance. On suit les tribulations d'Isacco le faux médecin, et sous les mains habiles de sa fille cachée Giuditta, on assiste à la naissance du prêt-à-porter. L'auteur fait habilement se rencontrer l'Histoire et la fiction, donnant vie à des personnages qui semblent issus de la Comedia del'Arte... qui justement trouve son origine à cette époque. Ma-gique!

Comme dit précédemment, ce roman fait partie d'une trilogie et c'est avec beaucoup d'impatience que j'attends le dernier volume. En attendant, je vous encourage vivement à vous laisser emporter par l'écriture romanesque et pleine de fougue de Luca di Fluvio. 

Un petit extrait :

"Il pouvait survivre dans une fosse d'égout à Rome et dans une cité aussi mystérieuse que Venise, il était capable de monter des arnaques, de se servir d'un couteau, de vider les poches de n'importe qui sans se faire prendre, de mélanger la chaux vive à la terre pour recouvrir les morts ; il s'était battu avec des hommes deux fois plus grands que lui, il avait tué un marchand, tenu tête à Scavamorto et fait la conquête d'un criminel comme Scarabello. Il savait tout de la vie. Mais il ne savait rien de l'amour."

5 commentaires:

  1. Un très joli ressenti qui donne irrésistiblement envie de le partager... Je note !

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    1. Il FAUT que tu le lises :)

      Non je plaisante, mais je serai surprise si un jour quelqu'un me dit ne pas avoir aimé ce livre ou "Le gang des rêves"!

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. Je profite de ce billet pour te dire merci pour le Gang des rêves. Tu en avais parlé plusieurs fois sur bebe.ch, il a fini par sauter dans mes mains à la librairie et waouw! Je l'ai dévoré, adoré et je n'avais aucune envie de quitter Christmas et Ruth. Depuis je l'offre à tout le monde. Je vais donc me jeter sur celui-ci aussi lorsqu'il sortira en poche...

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    1. Ca me fait très plaisir tant mieux ! Et si jamais le 3e sort en avril ! Bonne lecture

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